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Un joli poème de Louis Aragon sur Brocéliande :
Par marquise des anges dans Un joli poème de Louis Aragon sur Brocéliande : le 17 Février 2019 à 19:48Un joli poème de Louis Aragon sur Brocéliande :
D'UNE FORET QUI RESSEMBLE
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À S'Y MÉPRENDRE
À LA MÉMOIRE DES HÉROSRien ne finit jamais comme on voit dans les livres
Une mort un bonheur après quoi tout est dit
Le paladin jamais la belle ne délivreEt du dernier baiser renaît la tragédie
L'homme a le souffle court et pour peu qu'on le berce
Le dimanche l'endort que c'est déjà lundiLa vie est une avoine et le vent la traverse
Sans y trouver jamais un accord résolu
Si l'histoire y poursuit comme les rimes tiercesL'irréversible amour des jours qui ne sont plus
Tout semble suffisant à l'étrange commère
Pour enchaîner sur le beau temps quand il a pluOu quand les amoureux enfin se désaimèrent
Au doigt d'autres enfants pour repasser l'anneau
Que pas un seul moment ne chôment les chimèresElle transmet sans plus l'alphabet des signaux
Qui dicte à l'avenir une phrase secrète
Comme au ciel sans savoir fait un vol de vanneauxUn passant dans la rue un second qui l'arrête
Avec le geste appris que la coutume veut
Il touche son chapeau montre sa cigaretteEt le rite accompli s'éloigne avec le feu
Que savent-ils de l'autre Un souffle Une étincelle
L'homme change mais pas la flamme et pas le jeuLa légendaire nuit ces étoiles l'ocellent
Qui chantait l'air tantôt que vous fredonnerez
La fugue le reprend du bugle au violoncelleEt le monde est pareil à l'ancienne forêt
Cette tapisserie à verdures banales
Où dorment la licorne et le chardonneretRien n'y palpite plus des vieilles saturnales
Ni la mare de lune où les lutins dansaient
Inutile aujourd'hui de lire le journalVous n'y trouverez pas les mystères français
La fée a fui sans doute au fond de la fontaine
Et la fleur se fana qui chut de son corsetLes velours ont cédé le pas aux tiretaines
Le vin de violette est pour d'autres grisant
Les rêves de chez nous sont mis en quarantaineMais le bel autrefois habite le présent
Le chèvrefeuille naît du cśur des sépultures
Et l'herbe se souvient au soir des vers luisantsMa mémoire est un chant sans appogiatures
Un manège qui tourne avec ses chevaliers
Et le refrain qu'il moud vient du cycle d'ArthurLes pétales du temps tombent sur les haliers
D'où soudain de ses bois écartant les ramures
Sort le cerf que César orna de son collierL'hermine s'y promène où la source murmure
Et s'arrête écoutant des reines chuchoter
Aux genoux des géants que leurs grands yeux émurentChênes verts souvenirs des belles enchantées
Brocéliande abri célèbre des bouvreuils
C'est toi forêt plus belle q’est ombre d'étéComme je ne sais où dit Arnaud de Mareuil
Broussaille imaginaire où l'homme s'égara
Et la lumière est rousse où bondit l'écureuil
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